jeudi 24 septembre 2015

« Madama Butterfly » de Giacomo Puccini - Opéra de Montréal - 19/09/2015

Alors que les autres maisons d’opéra canadiennes ouvrent leurs portes en octobre pour la plupart, Montréal débute déjà sa saison pour les derniers feux de l’été. Chaleur quelque peu étouffante à l’extérieur, climatisation glaciale à l’intérieur de la vaste salle principale – 3000 places! – du complexe de la Place des Arts, inaugurée en 1963. L’acoustique déçoit d’emblée avec des voix bien lointaines pour un seizième rang d’orchestre. Dès lors, un changement de place s’impose: la seconde partie sera ainsi beaucoup plus satisfaisante au deuxième rang, plongé cette fois-ci au cœur de la musique.


Malgré cela, cette production ne restera pas dans les annales. En panne d’imagination, le metteur en scène québécois François Racine opte pour un décor unique pendant toute la représentation, illustrant classiquement la demeure de Butterfly autour des vastes portes coulissantes traditionnelles et des inévitables cerisiers en fleur au dehors. Les éclairages ont beau être habilement variés, puis quelques éléments ajoutés au II en guise d’accessoires: le compte n’y est pas. Il faut dire que la direction d’acteur, pratiquement absente, plombe les interprètes dans un statisme désarmant, souvent placés face à la rampe et quelque peu laissés à eux-mêmes.


Côté fosse, une même mesure domine. Trop appliqué dans les passages verticaux, James Meena peine à animer l’Orchestre Métropolitain, pourtant en forme. Toute l’écriture pétillante de Puccini aux bois est ici lissée pour une lecture trop sage, assez impersonnelle. A l’image de la mise en scène, cette direction tout en pastel a au moins l’avantage de ne pas mettre en difficulté les interprètes, jamais couverts. Mais on aurait aimé, ici et là, davantage de nerf pour pousser Melody Moore dans ses retranchements afin d’offrir une incarnation plus réussie encore. La soprano américaine fait en effet l’étalage de beaux atouts avec sa voix charnue, idéalement souple, aux phrasés aériens. Mais il lui manque une force de conviction et un impact dramatique permettant de dépasser les artifices du mélodrame.


A ses côtés, Antoine Bélanger (remplaçant de dernière minute suite au forfait de Demos Flemotomos) fait l’étalage d’un timbre d’une belle pureté, parfaitement maîtrisé dans l’aigu, dont on pourra seulement regretter une projection un peu juste. Un détail cependant, tant son interprétation convainc de bout en bout. Même investissement dramatique pour Morgan Smith, au timbre malheureusement moins flatteur, perturbé par un léger vibrato. Aucune réserve en revanche pour la Suzuki de luxe interprétée par une revigorante Allyson McHardy, applaudie chaleureusement à l’issue de la représentation, avec le reste de la troupe, par un public manifestement moins sévère que l’auteur de ces lignes.

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