jeudi 24 juillet 2014

Concerts du Concerto Köln - Festival de la Vézère à Brive et Beaulieu - 17 et 18/07/2014

Comme chaque année, le Festival de la Vézère fait des miracles avec trois fois rien. Faites confiance au flair de sa programmatrice musicale dynamique et engagée !

Beaulieu-sur-Dordogne
Il est parfois des endroits que l’on préférerait tenir secrets, pour les garder égoïstement et ne les révéler qu’à ses proches. Telle n’est pas la devise des Trois Coups, qui préfère évidemment partager ses coups de cœur, certain que la publicité ainsi faite, loin de les dénaturer, les fera s’affirmer plus haut encore. Le Festival de la Vézère, organisé en Corrèze depuis plus de trente ans, est précisément de ceux-là. Il faut dire que sa créatrice Isabelle du Saillant ne ménage pas son énergie pour transmettre sa passion dévorante pour la musique classique. Récitals de piano, musique de chambre ou orchestrale, en passant par l’opéra, rien n’échappe à son flair expert.
Jugez plutôt cette année : outre les pianistes Adam Lalloum et Abdel Rahman el‑Bacha, le Festival s’offre le luxe de recevoir pour deux soirées le prestigieux Concerto Köln. Basée à Cologne, la formation sur instruments d’époque défriche depuis plus de vingt ans le répertoire du xviiie siècle, offrant aux côtés des compositeurs de renom le plaisir de la découverte de nombreux « petits maîtres ». Attirer le public avec des tubes pour mieux leur faire entendre des raretés, tel est le credo malicieux de l’ensemble allemand, auquel la Vézère adhère chaleureusement. On retrouve ainsi Haendel et Vivaldi aux côtés des rarissimes Avison, Sammartini ou Geminiani.
Le chant radieux de Valer Sabadus
Le premier concert donné à Brive-la-Gaillarde est surtout marqué par la présence du contre-ténor Valer Sabadus, Roumain d’origine qui a grandi en Allemagne, star montante révélée en France par ses remarquables prestations à Versailles *. Instantanément, son charme opère entre chant velouté et agile, phrasés articulés et radieux. Les difficultés nombreuses, particulièrement les vocalises, paraissent ici faciles tant le jeune chanteur semble au sommet de son art. L’accompagnement chambriste des quinze musiciens du Concerto Köln, à l’élan généreux et véloce, fait merveille dans les mouvements vifs. Comme à son habitude, la formation évolue sans chef et debout, en répondant au premier violon avec une virtuosité toujours aussi éclatante.
Le second concert, en la superbe abbatiale de Beaulieu-sur-Dordogne, réduit plus encore l’accompagnement orchestral, cette fois-ci adjoint du violon soliste de Shunske Sato en lieu et place du contre-ténor. Conforme à leur credo depuis leur création, la formation allemande s’éloigne des interprétations romantiques pour privilégier une vision objective, parfois un peu sèche, mais toujours pétrie d’une énergie revigorante et implacable de vigueur rythmique. Ce parti pris revisite opportunément les célèbres Quatre Saisons de Vivaldi, surprenant nos habitudes d’écoute dans cette œuvre par la révélation de détails inédits. Un credo analytique intelligemment contrasté par des crescendos irrésistibles dans leur fracas soudain, particulièrement efficaces dans les deux dernières saisons aux accents plus dramatiques.
Le Festival accueillera début août son traditionnel week-end opéra, occasion d’entendre les chefs-d’œuvre du répertoire revisités par la malicieuse troupe anglaise Diva Opera. Assurément, un grand moment du Festival à ne pas manquer.

* On pense notamment à la Didone abbandonata de Hasse ou l’Artaserse de Vinci.

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