mardi 24 juillet 2012

« Le Docteur Miracle » de Georges Bizet - Théâtre du Grand-Pavois à Avignon - 19/07/2012

Après Offenbach l’an passé, l’association Colorature revient avec un nouveau spectacle créé à Avignon, la charmante et délicieuse opérette de Bizet, « le Docteur Miracle ». Une réussite encore plus éclatante.
Si Bizet ne connaît pas le succès de son vivant avec Carmen, aujourd’hui l’opéra le plus joué au monde, il obtient plusieurs prix prestigieux lors de son ascension. Le jeune homme de seulement dix‑huit ans remporte ainsi un second prix de Rome pour une cantate à trois voix *, puis un an plus tard, en 1857, un concours d’opérette présidé par Auber, célèbre compositeur et directeur du Conservatoire de musique de Paris.
Créée aux Bouffes Parisiens dans la foulée de son prix, la partition du Docteur Miracle disparaît totalement des scènes lyriques, à l’instar de la délicieuse Symphonie en ut majeur, une autre œuvre de jeunesse composée quelques mois plus tôt. Redécouvertes au milieu du xxe siècle, les deux œuvres ne quittent plus désormais le répertoire tant leurs qualités musicales sont évidentes. On se réjouit par conséquent de l’heureuse initiative de l’association Colorature qui présente cette année à Avignon une nouvelle production du Docteur Miracle.
Une omelette fameuse
Présentée en alternance avec l’opérette le Financier et le Savetier d’Offenbach, créée à Avignon l’an passé, on retrouve les mêmes ingrédients du succès précédent grâce à une équipe de passionnés aguerris. L’histoire en est presque identique puisqu’un père tente là aussi de s’opposer au mariage de sa fille avant de céder face à l’ingéniosité du prétendant. La préparation d’une simple omelette (un hilarant quatuor qui vaut à lui seul le déplacement) va servir habilement l’intrigue. Toute cette joyeuse équipe joue dans une scénographie simple, heureusement compensée par des maquillages surréalistes et inquiétants, tandis que la mise en scène d’Anne‑Laure Lemaire privilégie les aspects comiques.
Mais la réussite de ce spectacle repose surtout sur les qualités musicales de ces quatre chanteurs accompagnés au piano par la délicieuse Raphaële Crosnier. Exigeante, elle impose une verve rythmique que les interprètes suivent parfaitement. On retiendra surtout la Véronique de Sarah Dupont d’Isigny, comédienne malicieuse qui dispose d’une voix puissante et d’un timbre superbe. À ses côtés, la Laurette de Diane Gonié, également directrice musicale, ne démérite pas avec son agilité gracieuse. Mais on est plus convaincu par l’énergie et le talent comique de ses partenaires masculins, particulièrement le drôlissime Podestat de Renaud Boutin. On aime aussi les prises de risque de Frédéric Reussart dans ses différents rôles, même si l’aigu est parfois forcé.
Une formidable cohésion
Mais ne nous y trompons pas. Toutes ces infimes réserves ne doivent pas masquer l’essentiel : la formidable cohésion, la bonne humeur et l’énergie de cette équipe de passionnés. Diction parfaite, répliques qui font mouche, tout l’esprit de l’opérette est là. Alors courez découvrir ce jeune Bizet déjà si talentueux et défendu vaillamment par ces Colorature précieux. 

* La création française a eu lieu en 2009 à la Bibliothèque nationale de France.

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